Quand la lune n'est pas là, les étoiles dansent ♫♪ PV TOBIE

Une jeune fille aux traits asiatiques, aux cheveux bruns et lisses, au corps longiligne et mince sortait juste du batiment de l'école tandis que les nuages disparaissaient tranquillement vers d'autres horizons plus tortueux à leur gout. Elle leva la tête. La lune brillaient parmis les étoiles qui illuminaient le ciel, c'était magnifique. Elle adorait la nuit, sourit tandis qu'elle commencait à marcher en direction du parc qu'elle avait quitté le matin même. Tobie et elle s'étaient quittés, au bord des larmes de tristesse et de joie, car une bataille de chatouilles ( elle avait perdue : trop chatouilleuse ) avait eu lieu et une révélation d'histoire douloureuse avait été dévoilée. Ce soir, ils s'étaient redonnés rendez-vous au même endroit, vers vingt-deux heures. Heure idéale pour examiner la voute étoilée. L'idée de revoir Tobie la chamboulait, tellemement elle était pressée.
Elle consulta sa montre argentée, brillante aux lumières du soir. Vingt-et-une heure trente. Elle était sacrément en avance. Mais, il faut dire qu'elle avait hâte. Très hâte. De toute la journée, elle n'avait pas revu son nouveau grand frère. Elle suivit donc le chemin terreux que ce matin et redécouvrit les arbres perdants leurs feuilles qu'elle avait laissé derrière elle en repartant, totalement joyeuse mais aussi touchée. Elle s'éxecuta en laissant au passage quelques-uns des ses cheveux bruns dans une branche un peu trop aggripante. Après un grognement de douleur crânienne, elle arriva sans encombres au bord de ce lac qu'elle avait admiré plus tôt, avec ses caneton et leur mère jouant à la surface. Là, elle s'allongea comme en début de journée - l'herbe n'était d'ailleurs plus humide - et ses cheveux formaient une couronne au dessus de sa tête. Elle commença à observer silencieusement les étoiles, activité prévue ce soir en attendant celui qui rendrait sa soirée en la meilleure soirée de sa vie.

A peine sorti du bâtiment de l'internat je me précipitai dehors. J'étais d'une humeur plus que joyeuse ! J'avais attendu ce moment toute la journée et j'avais envie de courir. Mes jambes étaient parcourues de fourmi tant elles semblaient engourdies d'être restées inactives. Alors pourquoi me priver ? Je m'élançai en courant. Mes pieds tapaient le sol mais je ne m'en rendais pas compte. J'avais l'impression de flotter, de voler au dessus du sol pour me porter vers ma petite-soeur, ma nouvelle amie, qui avait déjà une bien grande place dans mon cœur. Je fus pris d'une vague de tendresse pour elle. En arrivant près du lieu de rendez-vous, je n'étais même pas essoufflé. Je regardai le ciel et sa beauté me prit le cœur tout entier. Les étoiles brillaient de mille feux dans le parc du lycée qui était assez éloigné de la ville pour pouvoir profiter pleinement de cette immensité lumineuse et délicieuse.
J'écartai les branches pour rejoindre le lac et Maya était déjà là, allongée. Je m'approchai d'elle et me penchai légèrement au-dessus, sa tête près de mes pieds je contemplai son visage et d'une voix pleine d'amour pour cette petite-soeur de cœur je lui dis:

- Coucou Maya.

Et quand elle ouvrit les yeux, je lui offris mon plus beau sourire, qui faisait paraître à travers un simple et ample mouvement de lèvres toute la gaieté qui envahissait mon coeur en étant juste avec elle.

Le visage de Maya s'illumina. Elle se leva et nous finîmes enlacés. C'était le plus beau cadeau qu'elle puisse me faire. Je la serrai contre moi tandis que dans ma tête se bousculaient tout un tas de sentiments, d'émotions, de réflexions. Habituellement je les aurais gardées pour moi. Mais j'avais changé. Alors quand elle se fut assise à mes côtés au bord du lac, sa tête sur mon épaule je lui livrai tout cela.

- Tu sais Maya, je suis ... je suis complètement ... étonné ? de voir que nous nous sommes rencontrés il y a deux jours et que tu es déjà la personne que j'aime le plus au monde. La personne vivante j’entends...

Je laissai un blanc et ris doucement.

- Enfin je ne veux pas te blesser hein mais juste que tu n'as pas la même place dans mon coeur qu'elle. Elle est autant importante. Tu es devenu ma petite sœur mais pas de la même façon. D'abord elle n'avait que 8 ans et il y avait les liens du sang qui nous rapprochaients. Et puis avec elle même si j'étais ... moi je ne lui ai jamais dévoilé tous mes sentiments, pour ne pas la bousculer avec tu vois ?

Je posai mon regard sur l'eau où se reflétait le ciel et ses désirs lumineux. Je regrettais.

- Tu es la première personne à qui je m'ouvre totalement. Tu es la première personne qui me comprend et me soutient autant. Voilà c'est tout je voulais juste te dire que je t'aime et que si tu ne remplaceras pas Lola, ma Paillette, tu comptes quand même énormément.

Je ne voulais pas alourdir l'atmosphère. J'espérais que je ne l'avais pas fait alors je lançai cette pensée qui me traversa la tête.

- J'ai bien fait de m'incruster à ta table à la cafet' ! Tu as raison, c'est bien le destin qui nous a réunis ... !

Grand sourire.

Maya regarda Tobie, étonnée. Tout ça, elle le savait déjà! Maya n'était pas du genre égoïste qui fait tout passer derrière elle. Oh non, pas du tout! Penser qu'elle puisse le faire lui glacait le sang. Elle détestait être méchante, vulgaire et hautaine. Non, non, non! Une pensée tellemtn désagréable qu'elle lui fit part de ce qu'elle pensait.

- Mais je sais tout ça! Que tu ne peux pas m'aimer comme tu l'aimais... L'aime toujours d'aileurs. Je comprend, tu sais, je ne suis pas une de ses grosses jalouses. Je sais que je ne peux faire revenir qui que ce soit, réparer des erreurs et même remplacer des personnes. Mais je suis heureuse de t'entendre quand même dire que tu tiens à moi.

Elle concentra son regard sur l'eau scintillante du lac. Elle pensait la même chose. Ces émotions faisaient tourner des milliers d'étoiles en elle. Ce sentiment, pensait-elle, s'apellait l'affection et l'amour. Pas l'Amour avec un grand A. Juste l'amour, comme un amour de famille. Tobie était apparut comme ça, mais c'était la plus belle rencontre de sa vie qu'elle avait pû faire et elle lui en était tellement reconnaissante..!

- Et je tiens à te dire que tu es aussi la personne vivante que j'aime le plus au monde. Mes parents étant mort, je peux aussi le formuler comme ça...

Maya senti son nez lui piquer. Non! Ce n'était pas le moment!
Et elle éternua avec un petit bruit de souris. Elle s'excusa en riant légerement.

- Et puis, continua-t-elle, je pense que tu seras le seul pendant un bon bout de temps!

Je fus très touché par les paroles de Maya qui elle aussi me considérait comme la personne (vivante) la plus importante dans son coeur ...
Je repensai alors à l'autre point qui m'avait taraudé toute la journée. Je m'étais senti assez mal à l'aise, égoïste aussi, et idiot de ne pas y avoir pensé. Je ne savais pas trop comment formuler ma proposition.
Je lui pris la main en lui adressant un sourire rassurant.

- Tu sais, Maya. Aujourd'hui, ce matin, je t'ai beaucoup parlé, et moi je sais ce que tu as vécu avant de venir ici. Mais je ne suis pas le centre du monde. Si tu as besoin de parler, si ça peut te faire du bien, si tu as des choses sur le coeur, tu peux me les dire, je serai là pour t'écouter ! ...

Je soutins son regard en lui en adressant un plein de tendresse.

Tobie venait d’accorder à Maya l’opportunité de sortir tout ce qui lui pesait sur le cœur. Tout ce qu’elle ne pouvait plus porter. Maya aimait tout particulièrement Tobie pour ses qualités telles que la gentillesse, la compréhension, la bonté. Elle pouvait lui faire confiance : ce qu’elle dirait ici ne sortirait nulle part d’autre et surtout pas de la bouche de son frère. Elle lui en était tellement reconnaissante ! Elle l’adorait comme un vrai frère.
Maya commença alors à réfléchir à ce que, oui, elle pouvait avoir sur le cœur. Fouiller dans sa tête n’était pas bien difficile. Elle savait très bien ce qui la chagrinait et elle l’avait déjà avoué à Tobie.

« Je veux qu’ils meurent ! »

Voilà ce qu’elle détestait en elle : L’égoïsme. Elle avait tant répété cette phrase intérieurement. Tellement souvent... Elle s’en voulait énormément. Maya pensait à longueur de journée que la cause de leur mort est causée par ses paroles odieuses que seul Dieu avait pu entendre et exécuté.
Maya lui en fit part. La voix un peu tremblante, elle lui dicta tout ce qu’elle pensait. L’égoïsme qu’elle éprouvait envers elle-même, la peur d’être la coupable et même quelque fois l’envie de mourir pour se racheter... Pour racheter leur mort. Mais Maya le savait. On ne peut revenir en arrière...

Maya se livra. J'avais eu raison de lui proposer cela, elle en avait vraiment besoin. La gorge serrée, je l'écoutai jusqu'au bout me dire à qu'elle point elle s'en voulait. Je voyais dans ses yeux la colère qu'elle avait envers elle. Cela me fit de la peine. Quand elle eut fini, je laissai un court espace pour qu'elle se remette un peu de ses émotions et lui adressai un sourire rassurant. Je ne ressentirai jamais la même chose qu'elle c'était sûr, je ne m'étais jamais dit ça par rapport à Lola. Mais je pouvais comprendre et savoir ce que c'était que d'être rongé par les remords et la culpabilité. J'en éprouvais moi-même en me rappelant ce jour que j'avais raconté plus tôt dans la journée à Maya. Ce sentiment ne nous quitterait malheureusement jamais mais nous pouvions l'atténuer en en parlant comme nous le faisions.

- Maya. Arrête. (je frissonnais rien qu'à l'idée des dernières pensées qu'elle avait formulées) Ne t'en veux pas comme ça ne sert à rien. Tu n'y es pour rien dans cet accident. Le sort, le destin en a voulu ainsi, Dieu si tu le dis mais ça n'est pas parce que tu as intérieurement formulé ce souhait. Tu l'as fait certes, mais dans des moments de colère, dans des moments où tu n'avais pas l'esprit reposé et amène à exprimer ce que tu désirais vraiment. Si tu penses que Dieu ou toute autre force supérieure à nous quelque part dans le monde, le Ciel t'a entendu, elle sait sans aucun doute que tu ne pensais pas réellement ça ... hum ?

Je lui relevai le menton pour que nos regards s'accrochent l'un à l'autre.

Mon regard resta lié au sien.

- En fait, j'en sais trop rien. Mais je n'arrête pas de me dire que je suis coupable. Et je ne sais pas si tu ressens ça, mais ça fait comme une boule au ventre qui t'empèche de faire quoi que ce soit à part te diriger aux toilettes pour vomir. Mais rien. C'est juste une sensation désagréable. Ce me donne envie de pleurer tout ce que je peux...

Elle cligna des yeux deux fois et reprit. Maintenant qu'elle avait confiance en lui, elle se sentait en sécurité pour tout lui dire.

- Et chaque soir, depuis un an, je repense à ce jour et je regarde le ciel. Parce que c'est là-bas qu'ils sont. Et à chaque étoile filante, je m'adresse à eux en leur faisant part de tout mon désarroi et ma désolation...

A ce moment-là, elle leva la tête et une étoile filante passa.

Tant de tristesse et de détresse dans son regard me chavira le coeur. Elle regarda les étoiles et moi je restai à la fixer, cherchant les mots qui s'échappaient. Que pouvais-je lui dire ? Moi aussi je culpabilise. Moi aussi je m'en veux. Lui répéter cela alors que je lui ai déjà dit ? Lui répéter encore et encore qu'elle n'y est pour rien ? A la place je m'allongeai pour regarder les étoiles et en perpendiculaire par rapport à moi, Maya posa sa tête sur ma poitrine.

" Si tu y crois Maya, alors dis leur bien fort que tu les aimes à ces étoiles filantes. Et si ça ne sont pas tes parents, alors ces messagères leurs transmettront ton message. "

Quant à moi, je fouillai le ciel. Mais même la plus brillante étoile ne me satisfaisais pas. Ma petite Paillette était bien plus que ça. Je caressai les cheveux de ma petite soeur, comme je l'avais fait avec Lola. En silence et souriant, je laissai une fois de plus couler les larmes sur mon visage, dans un état de paix total.

Le contact des doigts de Tobie dans ses cheveux l'apaisait. Depuis un an, la solitude la poursuivait inlassablement. Même chez sa grand-mère, une maison grande bien que presque vide, elle voyait bien que la mort de son enfant lui faisait de la peine et le sentiment mortuaire planait dans la maison chaque jour. Maya n'aurait pas pû supporter plus. Heureusement qu'elle avait aterri ici. Elle aurait sûrement fait un dépression, certes courte, mais insupportable.
La joue tout contre le T-shirt de son frère, elle le senti trembler. Sceptique, elle leva la tête et vit qu'il pleurait, calmement. Elle cligna des yeux et se mordit la lèvre. Maya pensait que trop de larmes avaient coulées en une seule et même journée.
Elle essuya de son pouce les larmes récentes et gelées des joues de Tobie. Elle dit d'une voix calme :

- Arrêtons de pleurer. Le présent est le présent et le ce qui est fait est fait et le reste. Quand je réfléchi bien, quelques fois, je vois bien que me lamenter sur mon sort ne sert pas à grand chose. Alors je pense à autre chose, et je vais me balader.

Elle jeta un regard à Tobie.

- Bon, je ne dis pas que je me baladais avec mes amis, mais bon. J'allais au supermarché, mon baladeur en marche et tout. J'm'occupais comme je pouvais.

Que pouvais-elle dire de plus? D'oublier sa soeur? Certainement pas. Même elle ne pouvais oublier ce qu'il s'était passé. Et elle ne pouvait pas.

Parfois vient un moment où est à cours de mots. Un moment où il ne sert de chercher, et il vaut mieux économiser sa salive. Nous étions tous les deux dépourvus de paroles, de pensées, de quoi que ce soit qui pourrait aider l'autre. Alors le silence se fit, de façon commode et non gênée. Du moins c'est comme ça que je le percevais.
En fait si il me restait des mots. Quelques uns. Je les laissai me gagner en douceur ...
Je me perdis un instant dans les étoiles. Et là, Maya tout près de moi, je me sentis soudain proche de Tobie, l'autre Tobie, le petit Tobie imaginaire qui vivait dans mon coeur et qui m'avait transmis tant de choses en lisant ses aventures. Ce pauvre petit Tobie qui était comme moi au début de son histoire la tête dans les étoiles "Quand la lune n'est pas là, les étoiles danses". (Tobie Lolness - Timothée de Fombelle - Gallimard Jeunesse) Ce pauvre petit Tobie qui contrairement à mon chagrin qui se mêlait à du bonheur avec "Un malheur plus grand que le ciel". Ce petit être d'un millimètre et demi me redonna du courage. Ce ciel percé de lumière et ce morceau de bravoure me revigora.
- Maya. J'aimerais te demander une dernière petite chose ...
Je laissai mes mots l'emporter sur ma langue pour venir s'échapper d'entre mes lèvres serrées.
- J'aimerais ... que bientôt tu m'accompagnes à la plage.
Blanc.
- Pour se baigner.

Maya regarda Tobie avec hébetement. Elle s'esclaffa :

- Bien sûr! Pourquoi pas!
Elle lui sourit jusqu'aux oreilles en ajoutant :

- J'adorerais! D'ailleurs, une après-midi entière serait parfaite!

L'été commencdait à décliner. Valait mieux en profiter le plus rapidement possible. Le mois de Septembre est encore assez chaud pour pouvoir se rendre à la plage. Maya n'y était pas allé cet été, contraire à ses habitudes. Chaque année, elle avait fait les plages d'un pays en particulier. L'année avant le drame, elle avait fait les plages Françaises. C'était... super! Mais cette année, personne n'avait pû l'y accompagner.
Tant pis! Elle complèterais ça avec de meilleurs moments qu'elle passerait avec Tobie.

Je lui souris, heureux. Bien que j'ai été déconcerté l'espace d'une seconde, je l'avais ensuite caché. Enfin je crois. Il me semblait en effet que Maya n'avait pas compris. Si ça n'était pas le cas, elle le comprendrait bien assez vite.
Quand on y serait.
Quand il me faudrait affronter l'eau.
Quand il me faudrait retrouver ma meilleure amie qui m'avait arraché ma petite soeur.
Elle m'avait trahi, mais je l'aimais toujours.
J'essayai de chasser ces sombres pensées de ma tête pour passer une bonne soirée, un bon moment avec Maya que j'aimais déjà éperdument.
Je n'en revenais toujours pas d'ailleurs. Ce qui était fou c'est que je ne la connaissais pas tant que ça. Je connaissais ses sentiments, ses remords, son malheur. Mais je voulais en savoir plus sur ses goûts, sur qui elle était. Je me tournais vers elle

Tobie regarda Maya. Elle lui sourit en disannt:

- Tu sais, j'ai hâte d'y être. La plage est un de mes endroits favoris. J'aime la chaleur, je suis très frileuse...

Elle frissona.

- J'aime quand le soleil tape fort, ça me donne une sensation douillette. Et en plus, tu seras là! Ce jour va être encore un des meilleurs de ma vie, je crois.

Elle s'appuya sur ses bras qu'elle tendit en arrière et examina le ciel. Elle se mordilla la lèvre supérieure. Une question lui brûlait le palais, mais elle n'osait pas. Elle savait que, enfin... elle s'en doutait, que Tobie n'avait pas retouché l'eau chlorée ou bien l'eau de mer depuis l'accident. Comment allait-il réagir ce jour-là? De toute façon, elle le saurait bien à un moment ou à un autre. Alors elle se décida. Elle demanda lentement:

- Hum... Euh, Tobie? Tu sais... Quand tu verras la plage, tout ça... Quand tu te baigneras... Tu n'auras pas peur, ne?

Maya tourna la tête légerement vers lui et le regarda du coin de l'oeil. Le sourcils en un V inversé (^), elle attendit calmement la réaction de son frère. Bien qu'elle n'avait ni peur de sa réponse ni de sa réaction ni de lui-même d'ailleurs, elle était quand même un peu tremblante.

Je ne pus m'empêcher de sourire aux paroles de Maya. Moi aussi ça allait sûrement être l'un des plus beaux jours de ma vie. L'un des pire aussi. Mais je voulais retrouver la partie de moi-même que j'avais perdue.
Perdue

- Hum... Euh, Tobie? Tu sais... Quand tu verras la plage, tout ça... Quand tu te baigneras... Tu n'auras pas peur, ne?

Je réfléchis en pesant bien mes mots.

- Je ne sais pas.

Si je le savais je le savais ... Mais je ne voulais pas l'exprimer. J'avais pu raconter tout cela, j'avais pu dire que j'avais crié sur ma soeur, qu'elle s'était noyée. Mais je ne pouvais pas dire que j'avais peur de moi.

- Peut-être ... mais c'est pour ça que je veux que tu sois là.

Je lui adressai un sourire timide.

Maya sourit en retour. Il ne savait pas. Elle non plus. Même si le doute s'installait sur le sujet, elle avait hâte. Rien que de penser à ce jour, elle sauterait de joie.

- Ouai. Je serais là pour toi, t'inquiète pas.

Elle s'allongea tout contre l'épaule de Tobie en soupirant. Une énorme vague de fatigue l'envahit et elle bailla discrètement. Elle ferma les yeux et demanda:

- Au fait, tu dors à l'internat?


Parce que elle, oui. Enfin, normalement, elle devrait dormir chez sa grand-mère, mais pour des raisons situées plus haut, elle avait refusé d'y rester. C'était plus une maison qu'un tombeau de toute façon. Et sa grand-mère, elle l'avait vu deux fois dans sa vie et n'avait jamais été d'une grande sympatie pour sa famille. Tant pis. Il faut toujours qu'il y ai une histoire familiale un peu tragique, non?

- Je serai là pour toi.

Ces paroles tournaient dans ma tête comme les étoiles éclairaient le ciel. C'étaient des rayons de soleil bienveillants. La chaleur sur ma peau. La caresse ondine de l'eau. Un chocolat chaud qui glisse dans ma gorge. Ces quelques mots et le contact de nos épaules me faisaient un bien fou. Je souris tant j'étais bien ici.

- Au fait, tu dors à l'internat ?

Le temps que mon cerveau assimile le fait que Maya me parlait il s'écoula bien quelques minutes. J'étais dans une sorte d'état second. C'était étrange mais je ne voulais pas en changer.

- Oui.

Je laissai un silence.

- Et toi ?

Il lui fallut bien deux minutes pour que Tobie réponde à Maya qui lui fit un grand sourire, ce qui lui fit plisser ses yeux rieurs.

- Oui!

Elle se posa, enfin elle essayait, des questions sur ce qu'elle pourrait bien lui dire. Mais son esprit commençait à fatiguer et une douce et chaude brume l'enveloppait. Le sommeil la rattrapait en fait. Mais elle cligna bien fort des yeux pour voir des petites étoiles, en plus de celle du ciel désormais noir. Elle bailla "sublimement".

- Et... demain, c'est Samedi, donc... Tu fais quoi?

Elle laissa finalement Morphée lui fermer les yeux, en faisant bien attention à rester éveillée et à écouter son Tobie jusqu'au bout.

Samedi tu fais quoi ? Cette phrase faisait partie de celles qui avaient énormément d'écho en moi. Je revoyais ma vie Avant. Avant ... Avant, je pouvais répondre à cette question. Je savais toujours ce que j'allais faire le lendemain. Je faisais partie de ces gens populaires qui avaient des fêtes de sorties ... j'en faisais partie mais restais égal à moi-même. Toujours ouvert, prêt à ne laisser personne dans le rejet. Ca finit mal ce genre d'histoire. Piscine, plage, soirées, magasins pourquoi pas, parc ou toute autre activité. Il faut dire que j'étais du genre à ne jamais rester seul. La solitude était quelque chose que je reniais de tout mon être. J'avais besoin de quelqu'un avec moi ... Ces derniers temps pourtant, la solitude avait fini par devenir ma meilleure amie. Je méditai ces paroles. Enfin plutôt ces pensées s'entrechoquèrent dans ma tête à une vitesse éclair.

- Je ... rien à vrai dire.

Je veux bien avouer que ces mots résonnèrent de façon très étrange dans ma bouche. Cela pouvait paraître ridicule mais je crois que je n'avais jamais répondu comme ça à cette question. Je ris.

- Je n'aurai jamais dit ça ... Avant. Je ne me projette plus dans l'avenir depuis quelques semaines ...

Mais je repensais fort à ma proposition de tout à l'heure.

- Mais on pourrait aller à la plage alors ?

- Mais on pourrait aller à la plage alors ? dit-il.

La plage, oui, ce serait un bon jour pour y aller. Mais une chose, une autre chose, avait éveiller la curiosité de Maya. Avant? Avant, quoi? Les pensées de Maya fusèrent pour trouver le mot manquant, l'infime partie de l'histoire de Tobie qu'elle avait laisser échappé pour qu'elle ne comprenne pas ce qu'il voulait dire. Mais comme sa mémoire et elle était égales à trente-six mille, elle ne sut comprendre et trouver la réponse de ses questionnements.
Elle s'appuya sur un coude, en se couchant sur le côté.

- Avant? fit-elle d'une toute petite voix.


Elle savait que ce petit mot interrogateur lui en coûterais, mais il fallait quand même qu'elle sache.

- ... avant toi!

Il lui offrit un grand, unique, et superbe sourire. Un sourire protecteur qui en disait long sur l'affection qu'il portait sur elle. Maya en rougit légèrement. Jamais - Ô grand jamais - personne ne l'avait apprécié de tel. En ne comptant bien sûr pas ses parents, puisqu'il s'agit là d'un tout autre amour, d'une toute autre sorte d'affection. Mais ne nous étalons pas plus. Maya avait rougit et elle se sentait touchée par son affection à elle envers lui, qui grandissait au fil des minutes qu'elle passait en sa compagnie. C'est fou, se disait-elle, qu'en bientôt seize ans d'existence, qu'elle n'est rencontré que Tobie, son nouveau frère, son ami protecteur, son nouveau nounours en p'luche, que lui, qui soit aussi gentil. " Le monde est cruel. Mais il peut aussi être bon", concluai-t-elle souvent depuis sa rencontre avec lui.

Elle soupira en souriant légèrement. Elle l'adorait. Rien que de voir son visage une fois dans une journée pourrait la rendre heureuse, de bonne humeur et hyperactive jusqu'au soir, ou bien même jusqu'au lendemain. Il était devenu son rayon de soleil à elle, et elle, sa petite soeur, son petit ange. Elle remarqua aussi qu'avant lui, elle n'avait jamais eu d'ami de la gente masculine. Allez savoir pourquoi, elle non plus. Elle n'en savait rien. Trop occupée à gambader à travers les différents pays, ses seuls amies d'enfance, ses copines de la cour de récréation étaient restées les mêmes. Pas question de s'attarder sur l'Amour, les petits-amis et autres... De toute façon, elle s'en fichait et cela ne l'intérressait vraiment pas.
Ennnnfiiiinnn, bref.

Elle consulta sa montre en baillant et conclut qu'il était assez tard et qu'elle devait aller se coucher. Et puis, ils allaient se revoir demain, Samedi, pour aller à la plage. Elle avait hâte! Tellement hâte!

Avec tout ça nous n'avions pas vraiment parlé de nous, d'elle de ses goûts, j'avais oublié de lui demander ... Mais il nous restait l'année devant nous ... non ? Alors je l'ai regardée bailler et jeter un coup d’œil à sa montre avec un air de malice dans les yeux.

- Tu es bien fatiguée !

Il suffisait de peu pour que je baille moi ... si bien qu'après l'avoir vue faire je m'y mis aussi. Allongé dans l'herbe, je me délectai encore un peu de la voute étoilée. Je crois qu'en l'amenant là pour lui parler le matin-même j'avais trouvé ce qui deviendrait sûrement notre enduite fétiche pour l'année. Un havre de paix, tranquille, rien qu'à nous avec de l'ombre, de l'eau et les étoiles pour rêver. Les étoiles étaient magnifiques, surtout vues d'ici. Maya avait eu raison de me proposer de venir ici.

- Merci, Maya.

Et pensant à ce cher Tobie de ce roman lorsqu'il rencontre sa petite Elisha je dis alors comme le fut leur première conversation:

- C'est beau.

- Merci Maya.


Il la remerciait. Surement d'être aussi calme, en cette superbe soirée, sûrement de l'avoir amené au bord du lac, sûrement de l'aimer autant. Mais avant tout, c'était aussi à elle de le remercier. D'être attentif, compréhensif, si émotif, tellement gentil, serviable, d'être un grand frère parfait, d'être protecteur d'une manière si douce. De tout, en fait. Elle allait lui en faire part, mais il reprit.

- C'est beau.

La bouche à demi-close, prête à émettre un son, immobile sur ces trois mots qu'ils venaient de dire. Elle le regardait, mais elle tourna la tête vers les étoiles, celles qu'ils observaient aussi. Elle avait beau se le répéter, mais oui, le ciel était magnifique.
Maya avait une âme d'artiste, comme le disait beaucoup de gens, si bien que lorsqu'elle observait le ciel étoilé en étant parfaitement calme, elle pouvait pleurer. Son ventre lui donnait une impression de mélancolie car il se tordait tel un chiffon. Ce sentiment l'envahissait aussi lorsqu'elle regardait un film à l'eau de rose, un drame, ou lorsqu'elle lisait aussi.
Mais ce soir, elle ne rerererepleurerais pas. Parce qu'elle était avec la personne vivante qu'elle aimait le plus au monde, et s'en faisait une bonne raison.

- Oui, c'est vrai. Magnifique.

Seulement, ses yeux commencèrent à lui peser, alors elle se releva, et, tendant la main à Tobie pour qu'il fasse de même, elle dit:

- Suki yo, Oni-san.