Après l'automne....

Maya s'extirpa de la foule stagnant dans le hall. De retour du Grand Froid, elle avait été assaillie par cette émeute d’élevés. Sans avoir envie de parler à qui que se soit ici, elle fonça dans le couloir des dortoirs. Là, plus personne. En soupirant, elle se dirigea - se traîna plutôt - malgré ses membres gelés jusqu'à sa chambre. En essayant de sortir ses clés avec ses doigts engourdis, elle vit par la fenêtre qui faisait face aux portes des chambres des filles la jeune Rachel. Elle était adossée aux casiers, la tête dans ses genoux. Maya finit par réussir à obtenir la bonne clé et ouvrit sa petite demeure. Partagée avec une autre élève ici inconnue, la chambre était assez spacieuse pour elles deux.
La première chose que Maya fit, c'est de courir fouiller dans le placard de la mini "cuisine" du coin de la chambre. Elle attrapa fissa deux barres de chocolat avant de repartir, fermant la porte à double-tours. Un être était passé en coup de vent dans la pièce, semblait-il.
Arrivée essoufflée devant Rachel - qui d'ailleurs ne déprimait pas la tête dans ses genoux, mais plutôt en train de gratter le papier d'un petit carnet - en lui tendant une des deux barres chocolatées.

Maya sourit.

- De rien, Rachel.

Maya regarda Rachel ranger quelque chose dans son casier. Elle avait l'air un peu bébête, essoufflée, comme ça. Maya, pas Rachel. Notre Japonaise s'adossa au casier voisin tout en enlevant l'emballage marron de sa barre chocolatée. Elle mordit dedans avec vivacité. Elle aimait le chocolat plus que tout au monde. Enfin, dans le monde des sucreries seulement.
Silencieusement, elle fixa Rachel. Ce que s'était passé dans le parc tout à l'heure l'inquiétait. Elle savait que Crunchy n'aimerait pas qu'elle remette cet incident sur le tapis, mais la question brûlait ses lèvres. D'une voix chevrotante, elle posa alors la question qui lui démangeait le palais.

- Tu sais, euh... Tout à l'heure. Tu... J'ai dis quelque chose de mal?

Puis, réalisant qu'elle ressemblait à une jeune fille croyant faire le mal autour d'elle, elle se rattrapa quelque peu.

- Tout va bien, Rachel?

Tu sais, euh... Tout à l'heure. Tu... J'ai dit quelque chose de mal? Maya posa cette question d'une voix mal assurée, comme si elle n'était pas trop sûre de vouloir la poser. Rachel posa sa tête contre la porte de son casier.

- Tout va bien, Rachel?

Rachel prit une inspiration, avant de se retourner vers la japonaise.

- Oui... non... si, enfin je sais pas trop. C'est pas toi qui a dit ou fait quelque chose de mal. C'est moi. Au début, être ici c'était nouveau, ça me plaisait bien parce qu'il y avait pleins de choses que je n'avais pas encore découvertes. Mais là, j'ai l'impression d'être enfermée. Déjà que cette période n'est pas celle que je préfère dans l'année, ça fait que je suis plutôt d'humeur un peu morose. Et je vous ai balancé ça à la figure à toi et Clem sans trop vous prévenir. C'était pas très cool de ma part...

La rousse s'adossa à la colonne de casiers. Elle continua plus doucement encore
-Et à ça, s'ajoute le fait que
je n'ai pas de nouvelles d'un ami... J'ai l'impression qu'il m'a laissé
tombé comme une vieille chaussette... J'ai vraiment besoin de bouger, de voir autre chose, de penser à autre chose.
tu vois, c'est un tout : j'ai fini mes bouquins, les nouveaux n'arrivent pas ; j'ai pas vraiment envie de prendre de photos, ni de dessiner, ni de courir....

Après une courte pause, elle reprit avec un demi-sourire :
- Je suis vraiment d'humeur très gaie et pleine d'entrain, comme tu peux le constater !! Cette fois, une lueur malicieuse avait traversé ses yeux. En fait, je manque de projets qui me donnent envie d'aller de l'avant !

Rachel se laissa glisser le long des casiers pour s'assoir par terre en tailleur. Elle posa son sac sur ses jambes repliées et déballa la barre chocolatée offerte par Maya.

Maya perçut cette petite lumière qui traversa les prunelles de Rachel. Tout allait bien, à son plus grand soulagement. Seulement, elle disait qu'il lui manquait un plan. Cela sonnait comme un défi personnel. Maya sourit et s'abaissa au niveau de Rachel pour lui glisser doucement:

- Alors, ça te dirait qu'on fugue rien que pour une journée?

Parce qu'elle aussi, Maya trouvait la vie trop renfermée, sans liberté. Ses murs qui les entouraient ne la quittaient pas, jamais, même quand elle dormait. Alors "fuguer" pour un jour lui sembler une bonne et ravissante idée. Elles pourraient alors respirer enfin, s'évader, jouer, penser, rire, s'envoler. Rien qu'en passant ce fameux portail qu'elles avaient traversé quelques mois plus tôt, cette fameuse journée ensoleillée où Maya avait rencontré Tobie, Allen et tous les autres. Le sentiment de liberté que lui procurait ce désir d'évasion lui tordait le ventre comme un torchon et lui faisait faire des montagnes russes au cerveau. Son coeur palpitait. Il ne fallait que Rachel dise oui, et c'était parti.

Rachel croquait sa barre chocolatée avec un plaisir évident... Maya se baissa et lui dit doucement :

- Alors, ça te dirait qu'on fugue rien que pour une journée?

Cette simple phrase résonna en Crunches. Elle qui avait eu cette même idée l'après midi même. D'ailleurs, elle savait exactement comment sortir du lycée sans que tout le monde soit au courant !

- Mmmmh..... Tu sais bien qu'on n'a pas le droit de sortir du lycée sans l'autorisation du proviseur. Rachel fit une pause... avant de continuer dans un demi sourire : En même temps, il parait que Miami est très chouette à cette époque de l'année. Et tout le monde sait que les voyages sont bons pour la jeunesse. De plus, on pourrait voir ça comme une sortie culturelle. Il doit bien y avoir des bâtiments qui ont une architecture particulière. Et puis, soyons franche, nous nous devons de nous tenir au courant de ce qui se passe dehors. Si ça se trouve, des zombies ont envahis les rues de Miami et nous ne sommes pas au courant ! conclu la rousse en riant

Non... plus sérieusement, ça me branche à mort de sortir d'ici ! Qu'est ce que tu penses de samedi ? on n'a pas cours... si on part avant que tout le monde ne se réveille, ils penseront qu'on dort encore.
Rachel continua plus bas, comme si elle se parlait à elle-même
Du coup, on sera bien tranquille jusqu'au moment du repas.... Il faudra juste trouver quelqu'un pour passer nos cartes de cantine, histoire qu'on soit virtuellement présentes à la cantine.
Et pour sortir et rentrer, pas besoin de passer le portail... Le chêne est une porte bien plus sympathique.

Elle se tourna vers Maya
Tu sais le chêne dans lequel j'ai grimpé tout à l'heure... Ses branches permettent d'atteindre le mur d'enceinte très facilement, et du mur, on rejoint un lampadaire. En moins de temps qu'il ne faut, on sera dehors ! Au grand air !
Qu'est ce que tu en penses ?

Les yeux de Maya brillaient d'excitation. Rachel avait déjà un plan, c'était parfait. Juste parfait.

- Parfait pour Samedi, chuchota Maya telle une petite souris.

Son coeur palpitait. Dans deux jours, elles sortiraient toutes deux de cet enfer aux portes bétonnées. Le chêne de tout à l'heure, Maya s'en rappelait bien. Là-bas, à droite du chemin, plus loin dans la broussaille. Maya sourit jusqu'aux oreilles et fini sa barre chocolatée avant d'aller fissa à la poubelle jeter l'emballage.
L'envie de liberté ne la quitterai surement plus jusqu'au jour fatidique.
Maintenant, elle sautillait sur place.

- Quelle heure? 5 heures du matin? Je serais prête.