À la cafétéria...

J'étais arrivé en retard. Terriblement en retard ! Tout ça à cause de cette compagnie aérienne soit disant efficace qui avait des problèmes techniques. Du coup tout le monde avait eu le temps d'arriver, de s'installer, d'assister au discours du proviseur... Cela valait peut-être mieux pour moi. Il fallait que je m'adapte à mon nouvel univers, que je ne fasse qu'un avec lui. Un caméléon. Non. Un caméléon se cache, moi il fallait que je redevienne celui que j'avais été.
Je commençai par prendre connaissance ma chambre. J'ouvris ma valise et me concentrai entièrement, octroyant à mon cerveau une pause bien méritée lui qui était exceptionnellement tourmenté. Je rangeai avec soin mes vêtements dans le petit placard qui m'était attribué. Je fis de même sur le bureau avec mes affaires de cours et installai ensuite tous les objets hétéroclites que j'avais emportés avec moi. Enfin, j'attrapai Tobie Lolness, ce livre qui m'était si cher et le déposai, solitaire, sur l'étagère au dessus de mon lit. Le contemplant un instant, je fus submergé par une vague d'émotion et m'écroulai en larmes sur mon lit.
J'avais entendu mes parents parler. "Recommencer à zéro, voilà ce qu'il lui fait" avait dit mon père à ma mère entre les sanglots de celle-ci. Alors pour ce faire, je laissai couler ce torrent de désespoir sur mes joues pour me vider complètement.

Je finis par me reprendre et descendis à la cafétéria. Avant de pousser la porte, avant de rejoindre tous les élèves qui étaient à l'intérieur j'inspirai un grand coup, pris mon plus beau sourire, celui qui était mon signe distinctif, mon arme, mon bonheur et entrai dans l'agitation lycéenne.
Je choisis mes plats distraitement et entrepris alors de choisir avec soin la table à laquelle j'allais m'asseoir. Mon regard passa sur plusieurs tables, surmonta ma curiosité en ne s'attardant pas trop sur un garçon qui soutenait une fille qui était pâle et tomba finalement au fond du self sur une asiatique solitaire qui semblait attendre ...
Parfait, j'affichai un air détendu et la rejoignis.

- Je peux m'asseoir? dit un éleve venu s'incruster à la table où j'étais attablée.Alors, ça te plait, ici? reprit-il.

Maya l'observa un moment, surprise. Il lui avait fait peur. Il était brusquement intervenu alors qu'elle attendait, les yeux fermés. Elle répondit en hésitant:

- Euh.. Oui, oui, bi-bien sûr. Cette école est la seule chose que le... reste de ma famille aurait pu m'offrir de... mieux... depuis l'an dernier.

Elle lui sourit faiblement en espérant voir arriver Allen le plus vite possible. Elle fit un portrait de lui, le nouveau venu, dans son esprit. Grand, yeux sombres, sourire jusqu'aux oreilles, cheveux blonds cendrés à peu près, corps athlétique. Soudain, elle s'aperçu qu'elle ne savait rien de lui, même pas son prénom. Avec lui, cela fera trois personne qu'elle aura rencontré. Tous des garçons. Bizarre, d'habitude, elle ne s'interresse pas trop à eux ou ne s'entend pas du tout avec eux. Elle regarda alentour et vit Aaron s'éloigner avec une fille dans les bras, une autre à la table qu'il avait laisser. Quand Allen arriverait-t-il? Elle reporta son regard sur le garçon.

- Et...euh, toi, comment-tu t'apelles? Moi, c'est Maya.Shy Maya.

Je voulais bien l'avouer, j'étais venu à cette table plus par curiosité que parce que cette jeune-fille était seule... Ce lycée me fascinait, il suffisait de jeter un regard alentours pour voir des gens de toutes les nationalités... Peau blanche, noire, jaune comme on disait, ... Yeux bridés, en amande, grands; cheveux noirs, blonds, roux, teints dans toutes les couleurs possibles. On trouvait de tous les styles et si je portais l'oreille je pouvais aussi bien comprendre ce que j'entendais -français ou anglais- ou me retrouver à tenter de décrypter une langue que je ne connaissais pas. Tous mes sens étaient aux aguets. Je me retrouvais donc face à cette jeune asiatique qui semblait décidément attendre ... Et se faire une opinion de moi par la même occasion. Il faut dire que mon assurance était assez déstabilisante il suffisait de l'entendre... Un moment, un très court instant, je sentis que mon sourire défaillait... Il y a quelques jours à peine cette jeune-fille je l'aurai mise mal à l'aise je l'aurai méprisée... Mes yeux se fermèrent ne seconde.
*du calme Tobie reprends toi*
Je les rouvris et lui fis un sourire chaleureux. Je voulais la lettre à l'aise...

"Moi c'est Tobie. Tobie Rêve ."

Je laissai passer un instant ou je détaillais sn sourire dans ma tête... Ouais les sourires c'était mon truc. Je ne l'avais pas mise à l'aise ça c'est sur il y avait quelque chose dans ses paroles qui me titillait... J'y réfléchirai plus tard ...

"Sans vouloir être indiscret ... Est-ce que ça va ? Tu as l'air d'attendre quelqu'un je ne voudrais pas te déranger !"

- Sans vouloir être indiscret ... Est-ce que ça va ? Tu as l'air d'attendre quelqu'un je ne voudrais pas te déranger !

En effet, elle attendait toujours Allen. Mais, franchement, est-ce que ça allait? Depuis le décès de ses parents, plus personne n'avait osé l'approcher, de peur de la blesser malencontreusement. Maintenant, elle avait peur de s'en refaire, alors non, ça n'allait pas. Plus du tout. La seule famille qui lui restait était trop âgée pour s'occuper d'elle alors elle l'avait envoyé dans un internat. Ici, en somme. Ces pensées l'attristèrent plus qu'autre chose.
Elle menti au dénommé Tobie, elle ne croyait qu'a la seconde partie de sa phrase.

- Oui, ça peut aller et ouai, j'attends quelqu'un. Un certain Allen. On s'est rencontré tout à l'heure, au parc et il devait me rejoindre. Je ne sais pas ce qu'il fabrique, ça doit bien faire une demi-heure que je l'attends! Et puis, non, tu ne me dérange pas le moins du monde, Tobie! C'est même gentil de ta part de me tenir compagnie, desu.

Elle lui tendit un sourire plus sûr cette fois. Elle l'aimait bien, ce Tobie Rêve. Drôle et super nom de famille certes, mais hyper sympa. Elle porta son regard vers son assiette et fit une mine de dégout en levant des spagettis avec sa fourchette. Son plat était désormais froid. Tampis, de toute façon, elle était tellement stréssée à propos de sa première journée ici que la faim lui avait passé. Elle attendrais Allen pour manger sa glace en dessert. A moins qu'elle ne fonde. Elle reprit après un moment de silence:

- Et toi? Enfin... Qu'est-ce qui t'amènes ici?

Elle me répondit que ça allait. Étrangement Cela me rassura. Pourtant je ne la connaissais même pas ! Je ne devais pas aimer voir les gens tristes. Et puis je me sentais un peu seul il faut dire...
J'allais répondre mais mes paroles restèrent suspendues à mes lèvres. Sa dernière question me laissa muet. J'étais incapable de répondre.

*Tobie te laisse pas aller merde te laisse pas aller trouve une réponse !"

J'avais soudain besoin d'air, je dissimulai alors ce désarroi que j'avais laissé échappé derrière un nouveau sourire.
Je ne sais pas pourquoi mais c'est à ce moment que je me fis la réflexion que je devais avoir dans mes gènes quelque chose qui faisai de mes zygomatiques des véritables championnes ...

"Ce sont mes parents. Ils m'ont envoyé ici au dernier moment. C'est pour ça que je n'étais pas la au parc tout à l'heure! Je crois qu'ils en avaient marre de moi ... Je devais être trop désagréable ..."

Ma voix tomba un peu sur la fin de ma phrase. Je profitai de manger une fourchette de pâtes pour me pencher sur mon assiette. Au fond ça n'était pas un vrai mensonge puisque j'étais vraiment devenu désagréable ... Quand je relevai la tête je lui demandai:

"Le proviseur a fait un discours ?"

Apparemment, Tobie avait été envoyé ici à cause de son comportament envers ses parents.

- Oui, un charabia, comme tous les proviseurs, en sorte, lui répondit-elle.

Elle lui sourit. Son ventre gargouilla et elle rougit. Elle rit doucement et attaqua sa part de pâtes froides. Elle hésita à reprendre la discussion, elle n'avait plus rien à dire. Mais elle pensa qu'il était étrange qu'il ne lui demande pas qu'elle était sa venue ici. D'un côté, c'était mieux. D'un autre... Elle avait besoin de parler à quelqu'un, autre que ceux déjà au courant. Et si elle avait le cran de lui en parler, elle esperait au moins que Tobie ne réagisse pas comme tous les autres. Regards fuyants, rire nerveux, réconfortement maladroits, peur de la faire pleurer comme une serpillère un peu trop mouillée. Elle se mordilla la lèvre inférieure et patienta pour que la discution reprenne.
Elle remarqua du coin de l'oeil qu'Aaron n'était pas revenu et que la fille qui était réstée était encore à table, seule. Elle voulut lui crier de venir, et se retourna vers Tobie pour lui demander son avis, mais les mots restèrent bloqués dans sa gorge. Et oui, c'est ce qu'il lui arrivait quand elle repensait aux actes ridicules de ses anciens amis, ainsi que ses défunts parents. Cette fâcheuse situation lui déplut et elle froncat les sourcils et secoua la tête. Elle inspira par la bouche et entreprit alors de lui en parler un instant, mais elle hésita encore. Alors, elle lui demanda son avis.

- Hum. Euh... Est-ce que... tu souhaites savoir ma venue ici?

- Oui, un charabia, comme tous les proviseurs, en sorte

J’acquiesçai et continuai à manger. Je voyais bien que Maya était soudain terriblement mal à l'aise mais je ne savais pas quoi dire. Il faut dire que j'étais un peu perdu aussi. Quand elle me demanda si je voulais entendre la raison de sa venue ici je me sentis alors maladroit. C'était tellement évident pour moi que j'étais loin de vouloir tout dire sur la mienne que je n'avais pas pensé qu'elle aimerait peut-être en parler.

"Oui bien sûr si tu veux m'en parler vas-y ! J'aimerais bien savoir quels subterfuges a utilisé le destin pour nous réunir à cette table !"

Je me tus un instant puis repris avec un sourire malicieux.

"Bon en fait il a un peu utilisé mon art de l'incruste pour que je te rejoigne à cette table mais ça on en parle pas ! C'est juste que je suis curieux de savoir pourquoi tu es passée de l'Asie ... enfin sauf si il n'y a que tes origines qui font qu'on dirait que tu viens de là-bas ... de l'Asie aux États-Unis ! D'ailleurs tout à l'heure tu as dis un truc que j'ai pas compris. Tesu, desu ou un truc comme ça ..."

Je m'arrêtai alors. Quand je laissai un flot de paroles ça pouvait ne plus s'arrêter.

Je souris et baissais la tête.

- Desu est un mot poli que l'on rajoute à la fin de nos phrases, au Japon. En fait, j'ai attérie en Amérique parce qu'au cours de mon premier voyage en Grande Bretagne, mes parents ont eu un accident et... Euh... Ils sont partis. Alors ma grand-mère m'a récupéré et j'ai été envoyée ici car elle est trop fatiguée pour me surveillée et subvenir à mes besoins quotidiens. Et pour mes traits asiatiques, c'est juste que ma mère était une Japonaise pure et dure et mon père était Amér-Japon, on va dire comme ça.

Maya remarqua qu'elle faisait un monologue et elle paniqua.

- Et je sais que c'est complêtement ridicule, mais tu vois, lorsque je suis revenue au Japon pour aller y récupéré mes souvenirs et mes affaires, mes amis, enfin mes anciens amis ont commencé à réagir bizarrement. En fait, je crois qu'ils avaient peur de mes réactions. J'aimerais tellement que tu ne sois pas comme eux! Et... et Allen non plus, d'ailleurs...

Maya le regarda dans les yeux, les siens bientôt embués de larmes minimes.

- Ils avaient peur de moi, tu y crois? Juste parce que j'ai perdu mes parents et qu'à chaque fois qu'ils me parlaient, ou plutôt essayer de me parler, ils était mal-à-l'aise. Ca a complètement tué notre amitié.

Elle se tut pour de bon en refoulant ses larmes naissantes. Ce n'était pas le moment de rerererepleurer! Elle secoua la tête et fourra son menton dans sa paume de sa main droite accoudée à la table.

- Je suis désolée, reprit-elle. J'ai trop parler, excuse-moi, j'ai paniqué.

Au début, Maya commença à me parler de ce mot qui m'avait dérangé dans une de ses phrases ... mais elle finit par dériver sur ce dont elle avait voulu me parler. Alors je la vis enchaîner ses paroles et paniquant complètement quant à ma réaction. A vrai dire j'étais plutôt surpris. D'une part je comprenais son léger malaise tout à l'heure lorsque je croyais qu'elle n'allait pas bien et ses paroles qui m'avaient parues étranges ... d'une autre j'étais abasourdi par son courage. Moi qui me cachais totalement, moi qui étais lâche, qui refusais de dévoiler ce que j'avais vécu, ce qui avait provoqué chez les autres des sentiments que je ne voulais pas voir ... Maya elle me proposait carrément de me raconter ça !
Je lui pris sa main gauche et lui adressai un sourire rassurant.

"Ne t'inquiète pas ... je ne vais pas réagir comme ça. Tu es très courageuse de m'avoir dit ça. Mais non je ne t'infligerai pas ce que je n'ai pas supp... enfin je ne t'infligerai pas ce que tu n'apprécies pas."

Je me voulais rassurant oui, mais je finis par me rendre compte que mon sourire était baigné de larmes. Je sentis mes yeux s'écarquiller de stupeur, me rendant compte que mon masque était tombé. Moi qui avais pour habitude d'exceller dans l'art de dissimuler mes émotions, tout ce qui me submergeait là avait détruit ces barrières.

"Je ... je suis désolé ça n'est pas pour toi que je pleure ... enfin si ! Enfin non je veux dire je ..."

Voilà que je perdais tous mes moyens. Le visage toujours souriant je laissai malgré moi échapper un sanglot. *Pathétique* Je lui adressai encore un sourire et me levai précipitamment.

"Pardon, excuse-moi, je suis désolé"

Sur ce je laissai mes affaires là et partis en bousculant les gens sur mon passage. Me suivit-elle ? Je ne vérifia pas et pris la première porte que je trouvai - interdite aux élèves ... - et débouchai sur un escalier qui me mena sur le toit du bâtiment. Là au loin, la vue de la mer fit gonfler mon cœur d'un tumulte d'émotions qui fut dominé par une profonde sérénité. Je me laissai tomber au sol et inspirai profondément.

Tobie partit brusquement. Mais c'était super compréhensible! Maya venait de lui raconter ce qu'il lui était arriver et ça avait forcémenet affecté son interlocuteur. Maya savait que sa venue ici était aussi horrible que la sienne mais ne savais aucunement pourquoi. Tobie était tellement gentil!
C'est alors qu'Allen fit enfin son apparition. Maya leva des yeux tristes vers lui et lui fit signe de s'asseoir.

- Hé, Maya, fit-il, tu vas bien ? C'était qui ce type ?

Pourquoi tout le monde lui posait-il la même question? A chaque fois, elle aurait sû répondre, mais là... D'un côté, elle était heureuse d'avoir enfin pû dire ce qu'elle avait sur le coeur et que Allen soit revenu, mais d'un autre, elle avait sûrement blésée Tobie pour une raison qu'elle ne connaissait guère.

- Je n'ai aucune idée de comment je me sens, fit-elle en s'essuyant les yeux d'un coup de pouce, et ce mec, c'était Tobie. Tobie Rêve. Un nouvel ami, je crois.

Maya sourit pauvrement à Allen.

- Au fait, poursuivit-elle, Allen c'est ton nom ou ton prénom?

La vue de la mer m'avait apaisé. Je me sentais calme et je pouvais réfléchir tranquillement.
Évidemment, je n'avais pas pensé à ça. Je m'étais dit je repars à zéro, je cache mes émotions. Tu parles ouais je m'étais largement surestimé. Je n'avais pensé que quelqu'un d'autre pouvait venir ici pour une raison similaire à la mienne. Et là je m'étais enfui lâchement, et en plus j'avais laissé mes affaires. Ce qui voulait donc dire que je n'avais d'autre choix que d'y retourner et je me sentais franchement minable. Et puis il fallait que je m'explique mais je crois que je n'étais pas encore prêt à me confier. Surtout là, en plein milieu du self.
Je me levai et descendis l'escalier. Je poussai rapidement la porte pour sortir sans qu'on ne me voit. Là avec Maya il y avait quelqu'un. Ce devait être ce Allen qu'elle attendait ... Je frottai mes joues pour ne laisser aucune trace de larmes, affichai mon éternel grand sourire et m'approchai d'eux. J'adressai un regard pantois à Maya, espérant lui faire passer un pardon et me tournai vers le nouveau venu. Il avait l'air assez spécial. Cheveux longs, vêtements amples, grand et fin ... et le visage pas vraiment rayonnant de joie. Je lui tendis la main.

" Salut ! Tu dois être Allen, Maya t'attendait impatiemment, il ne faut pas faire attendre les filles ! (je lui adressai un clin d'oeil) On a ... discuté en t'attendant ! Au fait, moi c'est Tobie !"

*Allez Tobie fais comme si rien ne s'était passé pour t'enfoncer encore plus* maugréai-je intérieurement ...

- C'est un nom de famille que j'ai copié a un célèbre basketteur: Ray Allen, répondit-il en souriant. Mais ne fais pas semblant, je vois bien qu'il y a eut un problème Maya. Si tu veux m'en parler, je suis tout ouïe...


Si elle l'avait fait une fois, elle pourrait le redire. Lorsqu'elle ouvrit la bouche pour lui dire ce qu'elle avait dit à Tobie quelques minutes plus tôt, elle le vit revenir, les yeux rougis. Elle ferma les lèvres en voyant son regard empli de pardon. Elle secoua la tête en signe de compréhension. Les deux jeunes hommes firent conaissances.

- Salut ! Tu dois être Allen, Maya t'attendait impatiemment, il ne faut pas faire attendre les filles ! On a ... discuté en t'attendant ! Au fait, moi c'est Tobie !

Maya baissa la tête en rougissant. Il ne fallait pas la faire attendre?! C'était bien une réplique de film, ça! Et timide comme elle l'était, elle prit comme quelque chose d'étrange.

- Tu veux mes pâtes Maya ? J'ai l'impression que les tiennes sont froides.

Elle releva la tête brusquement, la bouche en "O".

- Non, ne t'inquiète pas, mange-les, je ne vais pas te priver, lui répondit-elle en souriant.
Elle regarda ensuite Tobie.

- Tu reste manger? J'allais dire à Al' ce que je t'ai dit. A moins que... enfin, je te blesse de nouveau? continua-t-elle avec une pointe de regrets dans la voix.

Et elle se retourna de nouveau vers son ami Allen en lui lançant un regard interrogateur.

" Ok Al ! "

Nous nous serrâmes la main. Étonnamment elle était frêle mais forte. Je trouve ce garçon assez intriguant ... Maya me proposa de rester avec eux et j'acceptai vivement; je n'allais pas encore fuir ...

- ... J'allais dire à Al' ce que je t'ai dit. A moins que... enfin, je te blesse de nouveau?

Intérieurement cette phrase me figea. Mais bien sûr je n'en montrai rien et lui répondis:

"Non ne t'inquiète pas tu ne m'as pas du tout blessé ! C'est juste que tes paroles m'ont ... rappelé quelqu'un. Quelqu'un que je connaissais bien qui contrairement à toi avait été lâche, ça ne lui avait pas réussi. Ça m'a rendu triste ... (je repris, plus enjoué, léger) mais bon le passé c'est le passé comme on dit ! Bref je te laisse la parole"

Je souris de toutes mes dents. Je m'étais repris, je me sentais plus calme que plus tôt. Je sentais que je reprenais le contrôle de mes émotions que je pouvais dissimuler derrière mon engouement, comme j'avais l'habitude de le faire. Étrangement, je passai alors la main dans mes cheveux plaqués par la laque et les ébouriffai. C'était comme si j'avais retiré un poids de ma poitrine, je me sentis soudain plus neuf. Mon appétit était revenu et c'est sans me forcer que je terminai mon plat.

"Non ne t'inquiète pas tu ne m'as pas du tout blessé ! C'est juste que tes paroles m'ont ... rappelé quelqu'un. Quelqu'un que je connaissais bien qui contrairement à toi avait été lâche, ça ne lui avait pas réussi. Ça m'a rendu triste ... Mais bon le passé c'est le passé comme on dit ! Bref je te laisse la parole"

Maya lui sourit. Elle était soulagée et elle regarda avec bienveillance Tobie manger avec appetit. Elle se tourna de nouveau vers son ami Al'.

- Alors, en fait, j'ai expliqué à Tobie que, euh... Mes parents sont (elle inspira bien profondément) morts il y a peu.

Elle interrompi l'histoire quelques secondes avant de reprendre. Elle baissa la tête vers son assiette.

- Et puis, comme si cela ne suffisait pas à mon désarroi, mes amis ont prit peur. De moi, bien sûr. Parce qu'ils avaient peur de me voir fondre en larmes s'ils me parlaient comme avant. Pendant une semaine environ, il me parlait avec hésitation, et tout. Et enfin, c'était terminé. J'avais... complêtement disparue de leur entourage. J'ai été envoyée ici.

Elle releva le visage pour voir l'expression que prendrait Allen.

- Mais ne vous inquiétez pas, je ne vais pas chounier comme une gamine, maintenant que j'en ai parlé ça m'a fait un bien fou!

Et elle s'étira sur sa chaise.

- Mais ne vous inquiétez pas, je ne vais pas chouiner comme une gamine, maintenant que j'en ai parlé ça m'a fait un bien fou!

Cette phrase me serra le coeur. Parler lui faisait un bien fou ... Je méditai cela un instant mais des bribes d'images me revinrent en mémoire. Carrelage, eau chlorée, cris de joie d'enfants qui s'ébattent dans l'eau, et penché au dessus de moi un visage dévoré par l'angoisse et la compassion. Je déglutis difficilement et adressai un regard chaleureux à mon nouvelle amie. J'avais envie, presque besoin qu'elle aille bien qu'elle ne succombe pas au chagrin. Je me dis alors que si moi je ne m'en sortais pas très bien, il ne fallait pas qu'elle perde pied. Je chassai ces pensées noires et me tournai vers Wika -Al- en attendant de voir sa réaction. Je me fis patient, pour ne pas l'assaillir de questions. Je me demandais ce que lui faisait ici.