C'est l'automne !

Aujourd'hui il est 15 heure lorsque Crunches termine les cours. Pour une fois, elle décide de ne pas tout de suite aller en salle de travail. Non pas qu'elle n'ait rien à faire, mais elle commence à saturer, à avoir besoin d'autre chose ! Le parc lui semble un bon compromis. Il faut dire qu'elle n'a pas beaucoup l'habitude de rester "enfermée" dans un endroit. La cage a beau être dorée, elle reste une cage. se dit-elle. Après tout, elle avait l'habitude avec Bast de se promener en ville... parfois même d'enfreindre quelques règles. Souvent même. Elle avait l'habitude qu'une dose d'adrénaline lui parcoure les veines pendant ces escapades. Or cela faisait un moment qu'elle n'avait plus bravé l'interdit... et l'envie devenait de plus en plus intense.
Finalement, ses pas l'a conduisirent en bord de pistes. Quelques tours de terrain pourraient lui faire du bien et lui faire passer cette envie. Mais.... mais Crunches n'avait pas envie de la faire passer, plutôt de l'assouvir.
Elle se rendit dans le parc, sortit des chemins, des sentiers de sable rouge et se dirigea vers l'enceinte extérieure.
Elle l'a longea en faisant glisser sa main le long du mur. Elle pouvait entendre les bruits de dehors. La sensation d'étouffement se fit plus grande encore. Elle avait l'impression que le proviseur allait surgir d'un instant à l'autre de derrière un arbre, avec son air sévère. Rien qu'à cette idée, une décharge d'adrénaline parcourut ses veines.
Bientôt suivi par une seconde lorsque son regard se posa sur un arbre.

Celui-ci était magnifique. Les feuilles étaient rouge et or, encore éclairées par le soleil de fin d'après midi. Crunches s'approcha du tronc tout en observant l'agencement des branches. Presque du gâteau. Il suffirait d'attraper cette branche basse qui est à droite pour ensuite aller sur la branche qui est un tout petit peu plus haut et de là.... je passe par dessus le mur et... C'est bon !
Elle se plaça sous la branche basse et tendit le bras au dessus de sa tête. La branche était plus haut qu'elle ne pensait... Mais avec un peu d'élan, ça devrait le faire. Elle retourna en arrière, courut, sauta et loupa la branche.
La rousse ne se laissa pas démonter pour autant. Elle était têtue et prête à y passer la soirée s'il le fallait.
Finalement après plusieurs essais, elle se rendit compte que le sol n'était pas tout à fait plat et qu'elle pourrait profiter d'une petite bosse comme tremplin. Après deux autres essais infructueux, elle réussit enfin à attraper la branche. Sous la surprise, elle faillit la lâcher, mais elle s'aggripa fermement à cette branche qui lui avait donné tellement de fil à retordre. La suite fût bien plus aisée. Elle se hissa facilement sur la branche basse avant de rejoindre la branche qui passait par dessus le mus.

Crunches s'accroupit sur le mur qui faisait le tour du parc. Elle observa la rue, il y avait des gens qui passaient. On sentait que le temps commençait à se rafraichir : il y avait des gens en pantalon ! La dernière fois que la jeune-fille avait jeté un oeil dans la rue, tout le monde se promenait en bikini et short de bains ! Elle se délecta des parfums, des bruits de la rue pendant presque une demi heure. Puis elle sortit son appareil photo et pris des portrait des passants et des mouettes au téléobjectifs.
L'air salé de la mer lui parvenait. Crunches commença à avoir des fourmis dans les jambes. Elle promena son regard autour d'elle. Un peu plus loin, il y avait un réverbère. Elle pourrait s'y accrocher pour descendre dans la rue. Elle retourna l'idée pendant quelques instants dans son esprits. Il commençait à faire plus sombre. Personne ne l'a chercherait avant l'heure du repas. Il lui restait donc 2 heures pour faire un tour en ville.
Une bouffée d'adrénaline la submergea.
Elle resta encore 15 minutes à tergiverser avant de retourner vers l'arbre et de regagner le plancher des vaches... Ce sera pour la prochaine fois...
Elle jeta un dernier regard vers l'arbre et commença à s'éloigner.....

L'heure si symbolique de la fin des cours retentit. Après l'accord du professeur, la classe se vida peu à peu, jusqu'à que Maya se retrouve seule. Après trois heures de Mathématiques, c'était quasiment irréel qu'elle soit encore en vie.
Complètement vidée, le cerveau surchauffé, elle se leva lentement de sa chaise et rangea ses affaires dans son sac. Elle sentait que ses paupières s'alourdissaient à chaque seconde et elle n'allait pas tarder à s'endormir. Debout, s'il le fallait. Elle glissa la anse de son sac en bandoulière sur son épaule, remit sa chaise en place et quitta la classe d'un pas lent. Elle s'arrêta sur le pas de la porte et bailla. Elle était resté très tard dehors, hier soir, avec son frère. Et elle s'était levé très tôt, car elle avait complètement oublié le devoir de sciences, arrivé plus tôt dans la journée. Elle aurait voulu pouvoir voir ses amis, en cette fin d'après-midi, mais elle était vidée. Tant pis, se dit-elle. Ce sera pour une prochaine fois.
A travers les couloirs, elle sentait la fraîcheur de l'automne qui commençait à venir dans ce pays. Elle pensa alors au Japon, son pays, recouvert de neige. Les élèves devraient déjà avoir enfilé leur uniforme d'hiver... En ce premier mois d'automne, les fêtes et traditions japonaises étaient nombreuses. Changement d'uniforme y compris. C'est d'ailleurs toujours en Octobre que priait la jeune Maya. Et, malgré la fatigue, c'est ce qu'elle décida de faire. C'est pil sur mon chemin, pensa-t-elle joyeuse.

Munie de son gros pull, comme elle était frileuse, elle sortit prestement du bâtiment des sciences. Elle se dirigeait vers l'internat. Le chemin qui séparait les bâtiments de cours et ceux des dortoirs passait dans le parc, parfait pour se détendre avant de commencer ses devoirs personnels du soir. Les oiseaux, voyant le soleil qui déclinait, chantaient leur bénédiction de la soirée. Elle regretta de ne pas avoir enfilé de gants, car ses doigts étaient déjà gelés. Elle fourra ses mains dans son manteau et marcha plus rapidement. Ses pas sur le chemin froid craquaient. Elle longeait les arbres, qui perdaient déjà leur feuilles pourpres et dorées. Elle n'avait jamais rien vu de semblable, ici, puisque les feuilles de cerisier, dans son pays, ne perdaient pas leurs feuilles de cette manière. Elle regretta aussi de n'avoir pas prit son appareil photo, mais bon... Elle regarda les branches se balancer pour s'en souvenir plus tard, pour que cette image magnifique reste gravée dans sa mémoire bien longtemps. Son regard dériva vers un chêne, dont elle n'en savait pas le nom. Centenaire, il était gigantesque et rougeoyant. Comme un soleil d'été vivant sur Terre. C'est ici que je prierais, conclut-t-elle. Elle se planta juste devant et regarda sous la voûte feuillée et éclairée par le soleil couchant de l'arbre titanesque pour y voir sa taille. Maya fut impressionnée. Ses yeux brillèrent d'admiration et son ventre se tordit en voyant quelque chose d'aussi magnifique. Sa fatigue s'était envolée et elle en sourit. Elle ferma les yeux et joignit les mains, en les frappant deux fois. Tous les oiseaux se turent. Elle pria bien fort pour ses parents, concentrée à 200%.
Prière terminée, elle salua l'arbre à la Japonaise et entreprit de partir.

A quelques mètres du chêne, elle entendit un bruit de craquement. Elle se retourna vivement et aperçu Rachel qui arrivait. Elle allait l'haleté, mais celle-ci ne semblait pas la voir, si bien qu'elle commença à chercher comment monter sur ce même arbre. Maya allait la questionner quand Rachel recula et courut. Maya se cacha derrière un arbre pour l'épier. Au bout d'une vingtaine de tentatives, Rachel pu s'accrocher à une branche et monta rapidement par la suite, un sourire triomphant sur les lèvres. Un vrai singe, cette Rachel! pensa Maya, souriante et pleine d'admiration naissante.
Elle vit Rachel sur le mur tranchant la liberté et l'école. Auparavant, Maya aurait fait la même chose, intrépide qu'elle était. Mais désormais, la timidité avait reprit le dessus et elle n’était plus capable de telles choses.

Elle attendit là, un très long moment, qu'elle ne su délimité tant le temps lui parut long jusqu'à que Rachel descendit, un air ennuyé sur ses lèvres bleutées. Elle s'éloigna de Maya, mais la Japonaise sortit de sa cachette et la suivit en lançant un petit et mignon:

- Crunchy?

Crunchy s'était approché de Maya. Il lui semblait qu'elle était transie de froid. Elle aussi, d'ailleurs. La nuit noire venait de faire son apparition et les cheveux roux de Crunchy semblaient chauffer comme les flammes d'une cheminée en hiver. L'obscure clarté de son sourire faisait chaud au coeur à Maya et cela lui fit penser à la veille, avec son frère, dans la nuit.
Maya fixa son amie de son regard innocent.

- Hmm. Ça fait bien deux heures que je te regarde, rit-elle en murmurant de sa voix asiatique. Ça m'a beaucoup amusé!

Maya fixa le sol, de peur de retrouvé le visage de Crunchy complètement décomposé de honte. Mais il ne fallait pas. Elle la comprenait, enfin... elle les comprenaient, elle et son envie de liberté.

- Mais...

Maya releva la tête d'un coup et lui fit un clin d'oeil, armée du signe du silence avec son index.

- Na-ï-Shooooo!!



// Hors-RP: Naisho= Secret! //

- Hmm. Ça fait bien deux heures que je te regarde, rit-elle en murmurant de sa voix asiatique. Ça m'a beaucoup amusé!
*quoi ? deux heures ! Oh merde....* La machoire de Crunches faillit se détacher après cet aveux... mais elle se reprit à temps et se composa une expression sereine que Maya ne vit pas, car elle avait baissé les yeux.

- Mais...

Maya releva la tête d'un coup et lui fit un clin d'oeil, armée du signe du silence avec son index.

- Na-ï-Shooooo!!

- Qué ? j'ai pas compris ? Crunches balança sa tête de droite à gauche, haussa les épaules, puis reprit : Deux heures ? mais qu'est ce que tu faisais ? ça te prend souvent d'espionner les gens ? dit-elle sur la défensive.

Elle n'aimait pas trop l'idée que quelqu'un ait pu l'observer sans qu'elle ne remarque rien. En même temps, elle s'intéressait plus à ce qui se passait de l'autre côté du mur. Mais... les reproches de Bast traversaient son esprit comme s'il était juste à ses côtés ! Jamais elle n'aurait dû oublier le parc derrière elle. Erreur de débutante.
Elle espérait juste que Maya n'allait pas raconter n'importe quoi à n'importe qui. Il y avait des gens dans ce bahut qui ferait tout pour se rendre intéressants. Jusque là, Rachel pensait que Maya n'en faisait pas partie, mais elle pouvait très bien se tromper.
Elle commença à s'éloigner de la japonaise, il fallait qu'elle évacue son stress d'une manière comme d'une autre autrement elle allait passer ses nerfs sur Maya, et ce n'était pas une bonne idée !

Crunches s'était à peine éloignée d'un ou deux mètres qu'une nouvelle voix l'interpella.

- Bonsoir Crunches ! Bonsoir Maya ! annonca Clem d'un ton enjoué. Je n'en peux plus des cours, vivement les vacances... Vous n'êtes pas d'accord ? Au fait, pendant les vacances, on doit rester au lycée ou chacun repart chez soi ?

*et en voilà encore une autre. Mais c'est pas croyable, c'est réunion tupperware ici le soir ou quoi ?* à peine avait-elle finit de formuler sa pensée qu'elle cru entendre le rire de Bast'. A tous les coups, dans un cas comme celui-ci, il serait en train de se fendre la poire, avant de retrouver son sérieux et de demander à Rachel de se calmer, de rentrer les dents et de ne pas mordre ses amies. Car Maya et Clem faisait bien parties de ce cercle restreints de personnes sur lesquelles Rachel pouvait compter.

- Vous vous êtes disputées ?

Maya affichait un air désolé.

- Non, non, nous ne nous sommes pas disputées! C'est juste que... J'en sais trop rien en fait.Oui, j'aimerais tellement être en vacances. Mais je vais rester sur place, je pense...

Elle se retourna vers la silhouette fuyante de Crunches. Elle la héla sur l'interrogative:

- Rachel? Qu'est-ce qu'il se passe?

Crunches s'arrêta. Elle prit une longue inspiration qu'elle souffla doucement en comptant à rebours. Elle reprit une inspiration, qu'elle commença par souffler doucement, avant de la relâcher en une fois. Elle se retourna doucement vers les filles.

- Désolée les filles. Je suis pas trop dans mon assiette. Elle se baissa et ramassa une branche morte,a vant de s'assoir sur une souche proche des filles. En fait, je suis comme toi Maya. Aucune chance pour que j'aille quelque part pendant les prochaines vacances, à moins que mon père ne se souvienne qu'il a une fille quelque part. Avant, y avait Bast qui pouvait le lui rappeler, mais là.... Je sais même pas où il est, alors je crois bien que je vais rester ici. Et j'en ai marre. J'en ai marre de ce parc, j'en ai marre de ma chambre, j'en ai marre des salles de cours, de la cantine, de la piste. J'en ai marre d'être enfermée ici. On a l'impression que c'est un endroit super, surtout quand on vient juste d'arriver. Mais là, j'ai juste l'impression d'être dans une cage dorée. J'ai envie de bouger, de voir d'autre personne, de respirer d'autres odeur, de vivre....

Elle s'arrêta quelques secondes, le temps de reprendre son souffle. Les filles la regardaient, toutes les deux avec la même solennité, comme si elle était en train de leur confier un secret d'état. Mais après tout, s'en était bien un : un secret d'état d'âme.

En début d'année, le proviseur nous a dit qu'on pourrait sortir à Miami, que des après midi seraient à notre disposition... Mais pour le moment, personne n'a eu le droit de sortir. Et le proviseur, on a l'impression qu'il est aux abonnés absents.... Ça me gave. J'ai pas l'habitude d'être enfermée. Je préfère être libre de mes allées et venues....C'est pas comme si on avait 12 ans, non ?

Pendant qu'elle parlait, Crunches jouait avec son bout de bois, le faisant tourner, un peu comme un bâton de majorette.... mais lorsqu'elle s'arrêta, elle le brisa d'un coup. Le craquement résonna un moment dans le silence qui s'était installé.....